Une tournée théâtrale à vélo
Cécilia Chaume-Eyraud est en charge de la diffusion pour la compagnie Le Pas de l’oiseau, qui a initié, en 2023, une tournée à vélo. Elle partage cette expérience, les contraintes à prendre en compte et ce que cela a changé dans la pratique de son métier.
D’où est née cette idée ?
La compagnie du Pas de l’Oiseau porte depuis longtemps une réflexion sur l’impact écologique de ses tournées et Laurent, son comédien, est un passionné de vélo. Il a donc proposé d’allier sa passion aux enjeux de la structure en proposant cette tournée à vélo justement.
L’idée a donc été d’adapter la pièce « Le jour se lève encore » afin qu’elle puisse être transportée sur un seul vélo sans assistance électrique.
Quelles sont les contraintes avez-vous dû prendre en compte ?
Choisir le vélo comme moyen de transport pour une tournée théâtrale pose un cadre radical à la diffusion du spectacle. L’itinéraire de la tournée est imposé par un parcours forcément linéaire et avec un maximum de 50 km entre chaque étape. Nous avons tout d’abord appelé les structures que nous connaissions sur ce chemin afin de les tester sur le concept et de savoir si elles pouvaient nous accueillir à telle date.
Un autre point difficile a été l’adaptation de la création au mode de transport. Il y a eu un vrai débat dans l’équipe sur la qualité du spectacle et nous ne voulions pas vendre un spectacle au rabais. Il a été beaucoup question de la lumière. Le technicien ne voulant pas faire la tournée à vélo, c’est un poste auquel nous avons dû renoncer.
Nous avons dû revoir à la baisse le montant des contrats de cession à la fois parce que le spectacle est proposé sans sa création lumière, mais également en raison du réseau de diffuseurs : variés et de taille différente.
Qu’est-ce que cela a changé dans vos pratiques ?
La vraie difficulté a été d’imposer une date à un programmateur. C’est totalement à l’inverse du travail d’une chargée de diffusion. Finalement, le concept est suffisamment radical pour interloquer les programmateurs et les tenter. Il a également fallu adapter les frais kilométriques en demandant une « indemnité kilométrique vélo », certes petite, mais correspondant au coût d’usage du vélo.
D’autre part, le temps consacré au travail de diffusion a été considérablement allongé. Nous avons sollicité le technicien lumière pour participer à l’organisation et donc prévoir une rémunération de quelques heures.
Ces 50 km impliquent également de travailler avec des structures très différentes, depuis des scènes conventionnées jusqu’à des tiers-lieux. Cela implique, pour l’artiste, un véritable travail d’adaptabilité et d’ajustement de l’œuvre d’un jour à l’autre, en fonction des espaces et conditions de représentation.