Avoir un référent RSE

Méthodologie

Catherine Verrier est responsable de mission pluralité culturelle et développement durable du ZEF, scène nationale de Marseille. Elle occupe un poste foncièrement transversal dans un établissement qui regroupe deux lieux distincts.

 

Comment votre poste a-t-il été mis en place ?

Le Zef est né de la fusion entre la Gare Franche et la scène national du Merlan.

Depuis la création du lieu dédié à la résidence d’artistes, nous travaillons activement à notre implantation territoriale, ainsi, nous avons au côté du MRU, participé à l’aménagement du territoire. Une circulation intra-muros, ouverte quotidiennement, permet aux habitants du Plan d’Aou de traverser les jardins de la Gare Franche pour se rendre au noyau villageois de Saint-Antoine, et de croiser en toute simplicité les artistes en résidence. A la demande des habitants, nous investissons des espaces délaissés, propriété de la ville de Marseille, pour y implanter des parcelles de jardins individuelles et plus récemment une parcelle collective avec un poulailler une aire de compostage et un espace convivial avec four à pain et tables. Cette parcelle fait l’objet de réunion de pilotage pour un usage partagé avec les acteurs du territoire.

Durant les deux années qu’a duré le travail sur la fusion, nous avons été accompagnés par Hélène Cancel (ancienne directrice du Bateau Feu à Dunkerque) : avec elle nous avons eu la possibilité de partager les forces des deux projets et les identités de chacune des équipes. L’organigramme a été pensé en conformité avec ces deux éléments. C’est dans ce contexte qu’est né mon poste. Cela permettait de poursuivre et de développer les projets autour des enjeux sociaux et environnementaux initiés à la Gare Franche.

 

Comment avez-vous construit le poste que vous occupez actuellement ?

J’occupe ce poste depuis 2019. Pour le construire, je me suis rapproché de la Commission environnement de Marsea. J’ai également participé aux Labo Pro Ecolo d’Arsud et très vite, je me suis dit qu’il fallait que je me fasse accompagner. Nous avons sollicité Emmanuel Delannoy de Pikaïa, avec qui, pendant un an, en séances individuelles, en petits groupes et même avec toute l’équipe, nous nous sommes projetés en 2030. Ce sont ces accompagnements qui m’ont permis d’écrire le plan d’action RSE du ZEF.

Sur l’écologie, il y avait déjà beaucoup de projets initiés. Le théâtre du Merlan, sous l’impulsion de la directrice Francesca Poloniato et la Gare Franche avaient un ADN commun : des projets de territoire et des actions d’éducation culturelle et artistique avec les habitants. Au ZEF nous déployons un programme d’animation culturelle « cuisine et jardin » piloté par 2 personnes de l’équipe. Il est souvent plus facile de passer la porte d’un théâtre pour participer à des ateliers cuisine ou jardin. La scène nationale devient alors un lieu ouvert à un plus grand nombre, l’activité se déploie dans des salles de spectacle ou de répétitions à la cuisine ou au jardin.

 

Quelle est votre place au sein de la gouvernance de la scène nationale ?

Dans l’organigramme, mon poste est un gouvernail. Mes missions sont transversales à toutes les équipes. Je pilote tous les projets en collaboration avec les personnes qui ont les expertises.  

 

Vous avez commencé par travailler la question des déchets ?

Nous travaillons avec Paprec et Lemon Tri et avons, à différents endroits du site, installé des plateformes de tri sur lesquelles nous recyclons le verre, les canettes, les boîtes de conserve, les bouteilles en plastique, le papier, petit carton, le gros carton et les mégots. La mise en place a été un peu longue, car cela demandait aux salariés de changer leurs habitudes - prendre sa poubelle et aller aux plateformes de tri - et également un peu plus de travail à l’agent d’entretien. Mais trier à la source permet à notre prestataire d’éviter de passer les déchets sur un tapis roulant - où les pertes sont relativement importantes – et d’aller directement en usine de recyclage, d’où une économie !

Concernant le compostage, il est en place depuis longtemps dans les jardins de la Gare Franche. La question se pose donc encore d’installer un composteur sur le site du Merlan ou d’acheminer les déchets organiques d’un site à l’autre. Aussi nous avons mis en place une formation de notre animateur jardin qui a obtenu le titre de maître composteur.

 

Vous travaillez aussi sur l’alimentation ?

Notre maÏtresse de maison cuisine pour les artistes et anime des ateliers avec les habitants, en collaboration avec les jardiniers. Avec l'école maternelle du plan d’Aou, nous avons par exemple développé le programme : « Du jardin à l'assiette ». Les enfants viennent cinq fois par an pour planter, récolter, cuisiner et manger. Cet endroit d’interconnaissance permet de travailler à la transformation des pratiques des habitants. L’alimentation que nous proposons n'est pas 100 % bio car nous privilégions l’approvisionnement local.

 

Et le numérique ?

Pour le numérique, la communication et le système d'information, nous avons suivi une formation collectivement, avec le directeur du bâtiment - qui s'occupe du matériel et de la téléphonie - et le service communication. Nous lançons un chantier au mois de juin 2024 pour établir un vrai plan d’action évalué et suivi, qui permettra de faire évoluer nos actions en fonction d’indicateurs et de critères tangibles.  

 

Vous développez également des propositions culturelles sur le thème de l’environnement ?

Oui, tout à fait, nous avons créé « Nature et Bien commun », une proposition qui a pour objectif de faire redécouvrir les paysages, les espaces publics pour en prendre soin, se les réapproprier et qu’ils deviennent des biens communs. Ce temps focus regroupe une trentaine de partenaires issus des champs sociaux, culturels, éducatifs, scientifiques, philosophiques et acteurs de l’agriculture urbain. Nous proposons des actions autour de l'environnement et du paysage à travers des spectacles, des conférences, de la cuisine, des balades, des visites… Cette année, il y a également une foire aux initiatives, lors de laquelle les partenaires de ce temps fort proposent des ateliers.

 

Avez-vous d’autres chantiers en cours ?

Oui, nous travaillons à la rénovation de la bastide. Pour cela, nous avons écoconditionné nos appels d’offres et avons fait le choix de matériaux locaux et biosourcés (quand leur prix est raisonnable).
Et avec l’administrateur, nous sommes en cours d’élaboration d’un document de procédure d'achat : une grille qui permet d’entrer par fournisseur ou par produit et qui propose des filtres afin de qualifier les produits : bio, locaux France ou Europe, labellisés.

 

Voir aussi
Le Référentiel Écolo