Eco concevoir un spectacle sur l’écologie
La Compagnie Croqueti a créé un spectacle sur le changement climatique suivi d’un parcours et d’une exposition ludique pour sensibiliser le jeune public avec cette grande question : « qu'est-ce qu'on peut faire avec nos petites mains, à notre échelle ? » Pour accompagner ce spectacle, marionnettes, décors et costumes, tous sont éco-conçus.
Racontez-nous ce spectacle sur l’écologie pour le très jeune public ?
"La grande traversée d’Anoki" se passe au pôle Sud. Un manchot se retrouve à la dérive sur un petit bout de banquise à cause du dérèglement climatique et traverse les océans jusqu’au pôle Nord. Il rencontre une petite fille inuite, Talula et ensemble, ils parcourent le monde, les océans et prennent conscience du dérèglement climatique causé par une grosse machine qui produit de la fumée et des déchets. Au fil du spectacle, la petite inuite et le manchot vont transformer la machine pour qu’elle devienne un élément indispensable à la survie de la planète et des animaux.
A travers ce spectacle, quel message avez-vous envie de passer ?
Nous ne voulons surtout pas faire un spectacle triste sur l'écologie. Nous voulons montrer que l'espoir peut avoir un impact sur les générations à venir, que chacun peut agir à son endroit, avec ses moyens et de l’envie pour sauver la planète et l'environnement. C'était vraiment l'élément essentiel du spectacle.
Comment faites-vous pour donner envie ?
Dans ce spectacle, nous nous appuyons beaucoup sur la lumière noire, qui rend les objets très poétiques. Cela fait des années que, par nécessité et par envie, nous n’utilisons que de la seconde main et des matières recyclées, et grâce à la lumière noire, nous pouvons les sublimer.
Seconde main, matière recyclée… justement, comment écoconcevez-vous vos œuvres ?
Nous fonctionnons en troupe, en un collectif au sein duquel chacun apporte ses idées, son point de vue, ses compétences… Nous échangeons quelque temps sur les matières et matériaux que nous pourrions utiliser, comment les utiliser, comment les détourner, comment aller plus loin... En tous cas, pour chaque élément utilisé, nous nous posons la question de comment polluer le moins possible.
Pour "La traversée d’Anoki", nous avons travaillé avec des journaux, des boîtes d’œuf, du tissu - que nous avons demandé aux gens de ramener -, nous avons aussi recyclé du fil de poulailler et une grande bâche bleue. Pour les déchets, nous utilisons même de vrais déchets. Ensuite, c'est un long travail plastique de modélisation puis de peinture pour lumière noire. Sur la peinture, malheureusement, nous n’avons rien trouvé de vraiment écologique.
Ce processus d’écoconception, nous le précisons à la fin du spectacle, pour transmettre que tout matière peut être utilisée autrement et devenir magnifique.
Votre création va au-delà d’un simple spectacle. Vous menez également une expo ludique sur le sujet ?
Effectivement, nous proposons également aux enfants des ateliers et des expositions dans lesquels nous traitons du réchauffement climatique sous toutes ses formes.
Nous avons un atelier sur la mer et le fond des océans dans lequel les enfants sont invités à enlever les déchets qui se trouvent en surface à l’aide d’une pince. Au fur et à mesure, ils trouvent une étoile de mer, un poisson… pour se rendre compte que sous les déchets, Il y a toute une vie marine. Ils prennent alors conscience que jeter un papier fait disparaître ce qui est sous la mer. Nous terminons cet atelier par une discussion sur la biodiversité et les animaux que l’on trouve dans le monde entier.
Nous avons également un atelier sur les transports en commun et comment se déplacer autrement, un autre sur comment se nourrir autrement dans lequel nous découvrons les fruits et légumes de saison
Et puis l’exposition se fait autour d’un arbre philosophique, sculpté avec de grandes feuilles. Et sur chaque feuille est écrit un proverbe comme la petite histoire du colibri… Les enfants choisissent une feuille qui est lue aux autres puis ils discutent de ce qu’ils comprennent, ce qu'ils ressentent.
Vos spectacles s’adressent au jeune public, mais n’y-a-t-il pas non plus un enjeu à sensibiliser les parents ?
Effectivement, nous travaillons principalement avec des scolaires. Mais quand les enfants viennent avec leurs parents, c’est un tout autre échange. Les parents parfois interviennent. Certains sont déjà concernés et apportent des idées. D’autres ressortent aussi impactés et avec l’envie d’agir. C’est motivant et ça construit.