La nature, partie prenante du projet artistique
Trompettiste de jazz, Marco Vezzoso a fondé Green Music, une association qui propose une nouvelle façon de mettre en scène et d’écouter la musique en live, en organisant des concerts et festivals en plein air à faible sonorisation et à très bas impact environnemental. Marco nous explique son approche pour offrir une vraie expérience émotionnelle au public : de la musique dans des cadres naturels magnifiques et insolites.
Décentraliser la culture est au cœur de notre démarche. Nous organisons des festivals où l'offre artistique est quasi inexistante. En choisissant des lieux comme Isola ou l'arrière-pays de Savone en Italie, nous participons à rendre les manifestations culturelles accessibles à des publics variés. Par exemple, notre festival itinérant se déroule dans des communes qui n'ont pas de lieux dédiés à la culture. Organiser des événements dans des zones reculées est un défi. Nous nous installons sur des parvis ou dans des prés, créant ainsi une expérience unique pour les spectateurs.
Comment choisissez-vous les lieux pour vos événements et comment cela influence-t-il votre programmation ?
La programmation est étroitement liée au choix du lieu. Nous recherchons des endroits en pleine nature ou en ville, des espaces avec beaucoup de verdure, voire en bord de mer. Nous prenons en compte l'accès, l'acoustique et d'autres facteurs environnementaux. Les habitants nous aident énormément en nous indiquant des détails précis sur les conditions locales, comme les heures où les moustiques ou les cigales sont présents, ou l'ensoleillement à certaines périodes de l'année. Une fois que le lieu est choisi, je commence à établir la programmation : quelle formation le lieu a la capacité d’accueillir, quels instruments peuvent y être acheminés, quel type de musique ce lieu me donne envie d’écouter…
Vous mentionnez souvent l'importance de la nature et de l’ancrage local dans vos événements. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous cherchons à offrir une expérience au spectateur en symbiose avec la nature. Par exemple, cette année, nous expérimentons un spectacle de nuit qui débute par une promenade de découverte de la faune nocturne. Nous nous appuyons sur des associations locales pour ces parcours découvertes, randonnées et ces activités éco-responsables. Les spectateurs découvrent les lieux sous un angle différent et profitent pleinement de l'environnement naturel. Cela permet de sensibiliser le public à l'environnement tout en créant un lien fort avec la communauté locale.
Votre objectif est aussi de jouer en jauge limitée.
La réduction des jauges est une caractéristique importante de nos festivals. La qualité d'écoute est bien meilleure. Les concerts se déroulent dans des endroits accessibles uniquement à pied ou à vélo. Cela attire un public motivé et attentif. Et personnellement, j'ai besoin de cette attention, ce silence pour moins amplifier le son. La diffusion sonore est différente et les gens qui n'entendent pas bien s'approchent naturellement et cela crée du lien social. Les spectateurs apprécient cette proximité et le son est vraiment travaillé dans ce sens.
Vos horaires de concert sont souvent décalés. Pouvez-vous nous expliquer cette approche ?
Les horaires décalés sont une réponse à plusieurs contraintes et opportunités. Tout comme nous nous installons dans des lieux peu conventionnels, nous choisissons également des horaires de programmation décalés pour sortir de la routine et occuper des créneaux inexploités. Par exemple, nous pouvons commencer un concert à 6h du matin et profiter de la fraîcheur. Il existe un public enthousiaste et prêt à vivre une expérience unique à 6h du matin ! Nous programmons également plusieurs événements dans une même journée, à 11h puis 17h. Les spectateurs découvrent différents lieux de la commune. La gestion de l'électricité est plus naturelle et nous réduisons notre empreinte environnementale.